LE CHRIST

Il se dégage de cette remarquable sculpture du Christ en croix, datant de 1495, en pleine époque gothique, un réalisme profondément émouvant. L’ expression douloureuse ainsi que le détail des plaies se réfèrent bien sûr au supplice subi par Jésus, en l’an 30 de notre ère, mais ils sont aussi directement inspirés par le contexte historique dans lequel cette œuvre a été réalisée.

Vidéo : Le Christ de Boular

La peste noire ravage l’Europe

Tout le XVsiècle est marqué par des vagues de peste successives. Elles sont les répercussions de la peste noire qui sévit tout particulièrement entre 1348 et 1352. Dans ce contexte, on peut facilement supposer que l’artiste a été influencé par les événements tragiques qui ont marqué son époque. Il n’est dès lors pas étonnant que les stigmates du Christ ont quelque chose qui s’apparente aux plaies des malades de la peste.

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Le Christ de Jean II de Boular, détail
Plaie causée par le fer de lance d’un soldat pour constater la mort du Christ.

La croix, symbole des chrétiens

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Les symboles chrétiens, le poisson
(du grec ancien « ichtus ») et la croix latine

Aussi longtemps que les chrétiens sont minoritaires et régulièrement persécutés, ils ne vont pas prendre la croix comme signe de rassemblement et de reconnaissance. Durant plus de trois siècles, c’est au signe du poisson qu’ils recourent. Les initiales du mot grec «ICHTUS» constituent l’anagramme pour l’expression: «Jésus le Christ, Fils de Dieu, Sauveur». Mais à partir du IVe siècle, et de plus en plus au fil du temps, la croix devient l’emblème officiel des chrétiens, le symbole qui rappelle bien évidemment la passion et la mort du Christ, mais qui annonce aussi son chemin vers la résurrection. L’instrument de la honte et du rejet est devenu le signe le plus éloquent de la victoire de l’amour de Dieu sur le mal et la mort.

Le supplice de la croix

Dans l’antiquité romaine, seules les esclaves peuvent être condamnés au supplice de la croix. C’est pourtant à ce type de supplice que Jésus a été livré, comme nous le rapportent les quatre Évangiles. Historiquement, un tel condamné devait porter une poutre transversale jusqu’à une colline. Là, il était hissé sur une autre poutre plantée en terre et restait suspendu jusqu’à ce qu’il meurt étouffé. Comme on peut l’observer dans les tableaux du chemin de croix de cette église, la tradition chrétienne a choisi de montrer le Christ portant la croix dans sa forme complète: les deux poutres étant assemblées sur ses épaules. L’immense force du signe, ainsi constitué, réside dans le fait qu’il unit l’horizontalité à la verticalité.

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Chemin de croix, église de Martigny
Cette suite de 14 tableaux représente les différentes scènes de la Passion.